Acte 1 - scène 1 - 2 - 3 - 4
TITRE : « Que les étoiles éclairent ton chemin »
Dans :
« Terre de France »
(Second épisode)
PERSONNAGES :
ROBERTO
MISS MARYL
LE CHEVALIER DE FERRAT
(SOUS LES TRAITS JEAN LE TROUBADOUR)
DOYENNE MARIANNE (Mam’selle MARIANNE)
DIAZ LE PIRATE
MONSIEUR ELUARD
LA FEE MORGANE
MAM’SELLE CORSICA
HUGO LE DAMOISEAU
LIEU : Village de « Terre de France », situé en plein Cœur de la France
GENRE : Comédie Fantastique
AUTEUR : EMILIEN CASALI
PROTECTION : SOCIETE DES AUTEURS COMPOSITEURS DRAMATIQUE
Numéro d’enregistrement : 201553
Contact : Emilien CASALI
Amicalement et Fraternellement, Emilien Casali
casali.emilien@wanadoo.fr
e-mail : casali.emilien@wanadoo.fr
http://emiliencasali.populus.ch/
Pièce illustrée dans le cadre du concours de dessins - Automne 2007 (période du 8 octobre au 8 décembre 2007)
Tous mes remerciements et surtout mes félicitations aux élèves francophones ci-dessous :
Les élèves de Daniela Ionescu
Ana Maria Chirita, Aura Aprodu (Vainqueur), Daniela Stanescu, Larina Didiu, Oana Bianca Scarlentea
Les élèves de Virginia Sergentu
Mihaela Apostu, Andreea Badoiu , Alexandra Olteanu, Alexandra Macelaru (Vainqueur), Adelina Nitu, Saida Olteanu
Les élèves de Silvia Ciocarlan (Roumanie)
Cristina Marianu, Mihaela Lixandru, Diana Stancu, Mariana Stefan (Vainqueur)
Les élèves de Doina Maria Tudor (Roumanie)
Ionut Talos
Les élèves de Lucica (Lucie) Ion de Focsani (Roumanie)
Cristina Busuioc, Traian Ilie (Vainqueur)
Les élèves de Mariana David de Pitesti (Roumanie)
Viorel Ene, Georgiana Ghelie Doncu (Vainqueur),Vasile Alexandru, Oana Tinculescu, Andreea Roman, Ruxandra Obrejan, Lavinia Dicu, Iustin Argeseanu, Mihaela Pirvu, Andreea Pirje (Vainqueur), Pavel Radulescu, Madalina Popescu, Paul Decuble, Mariana Duminica.
Les élèves de Madame Souad Oujidi de Nador (maroc)
Yassine Kaouachi, Sara Maazouzi (Vainqueur), Siham Attoch, Azdin Jadidi
Les élèves de Mademoiselle Adelita Tamasan
Ana-Maria Ulmanu, Diana Simeria, Gosa Alexandru et Ruxandra Cozmuta, Sorin Hoffman (Vainqueur), Béatrice Borceanu, Aureliana Sporea, Flavius Marocico, Delania Bala, Mademoiselle Marta.
PROLOGUE
JEAN LE TROUBADOUR/ DOYENNE MARIANNE / DIAZ LE PIRATE
L’histoire se déroule sur la place du petit hameau de « Terre de France » située en plein cœur de la France…
JEAN LE TROUBADOUR, est assis sur un banc devant la maison de Doyenne Marianne et joue de la harpe)
Il était une fois en plein coeur de la France un petit Hameau portant le nom de « Terre de France », où régnaient depuis fort longtemps la Liberté, l’Egalité et la Fraternité, autrefois lieu de passage obligé pour les peuples des quatre vents, qui venaient se ravitailler chez Mam’selle Marianne l’épicière, aujourd’hui surnommée « Doyenne Marianne », dernière habitante du hameau. Je peux vous dire que la vieille dame en a vu passer du monde à « Terre de France » durant sa longue vie. Des mendiants, des rois, des princesses, en passant par des troubadours et des chevaliers. Et d’ailleurs, en parlant de Chevaliers, il en fut un qui… mais chut ! Je ne puis vous en dire plus pour le moment. La vieille dame en a vu des régimes politiques se faire et se défaire dans la république. Nombreux sont les révolutions auxquelles elle a assisté. Elle a même vécu dans l’ancien royaume. Elle a aussi connu l’Amour !... avec un seul homme qui l’abandonna le lendemain des fiançailles pour aller rejoindre une autre gazelle dans le Midi de la France… mais tout ceci remonte à très longtemps déjà, à une époque où le village était encore habité, à une époque où tout le monde surnommait Doyenne Marianne : Mam’selle Marianne, la princesse à la cocarde. Aujourd’hui, dans le petit hameau de « Terre de France », plus rien ne se déroule comme avant, tout est à l’abandon, et tout le monde est mort en dehors de la doyenne qui vit ses derniers jours en comptant les nuages ou en rabâchant toujours les mêmes souvenirs.
DOYENNE MARIANNE, sort de sa maison, une canne à la main, chassant une poule. Elle porte le bonnet phrygien
Tu n’as rien à faire chez moi ! Hors de ma vue ! Et que je ne t’y reprenne plus, m’entends-tu ? Gare à tes plumes, la prochaine fois !
Elle chasse la poule avec sa canne
JEAN LE TROUBADOUR, cesse de jouer de la Harpe
Laisse donc cette poule tranquille, Doyenne Marianne, elle ne t’a fait aucun mal, voyons !
DOYENNE MARIANNE
Elle a voulu manger mes œufs.
JEAN LE TROUBADOUR
Et sans œufs, pas d’omelette pour ce midi ! Je commence à la connaître ta chanson, tu sais.
DOYENNE MARIANNE
N’empêche que tu l’aimes bien mon omelette, petit vieux ! Mais dis-moi, Jean le troubadour, comment se fait-il que tu sois encore là ?
Elle lui donne un coup de canne sur la tête
JEAN LE TROUBADOUR
Aïe ! Tu m’as fait mal à la tête !
DOYENNE MARIANNE
Je t’avais dit « une nuit seulement » ! Tu es bouché ou quoi ? Tu n’as quand même pas l’intention de t’installer chez moi ?
JEAN LE TROUBADOUR
Où veux-tu que j’aille, Doyenne ? Je n’ai pas de chez moi, tu le sais bien. Alors qu’ici, il y a tant de place… c’est si calme !
DOYENNE MARIANNE
Vois-tu, troubadour, mes vieux jours, je tiens à les finir seule dans le hameau de « Terre de France ».
JEAN LE TROUBADOUR
Tu étais beaucoup plus hospitalière autrefois. Et même que tu n’hésitais pas à retenir tes invités. Je me demande ce qu’est devenue « la princesse à la cocarde » ?
DOYENNE JEANNE, lui assène un coup de canne sur la tête
Tais-toi donc, idiot ! Mam’selle Marianne, c’est du passé. Maintenant, prends tes instruments et fiche le camp d’ici avant que je te casse un œuf sur la tête.
JEAN LE TROUBADOUR
C’est étonnant, je t’ai connu bien plus souriante et bien plus aimable.
DIAZ LE PIRATE, arrive, un fusil en main (l’œil borgne)
Eh bien, vieillard, tu n’entends pas ce que te dit la dame ? (Il le tient en joug) Tu as cinq secondes pour déguerpir. Un, deux…
JEAN LE TROUBADOUR, s’enfuit
Sauve qui peut !
DOYENNE MARIANNE
Je regrette, monsieur… mais on ne fait que passer à « Terre de France », on ne s’arrête pas.
DIAZ LE PIRATE
Doucement, Doyenne Marianne, doucement ! A compter de ce jour, c’est moi qui fais la loi dans ce hameau.
DOYENNE MARIANNE
Qui êtes-vous ? Et comment savez-vous qui je suis ?
DIAZ LE PIRATE
Evidemment, on m’avait oublié ! Je suis comme la mauvaise herbe,
je repousse toujours.
DOYENNE JEANNE
Qui que vous soyez, monsieur, vous êtes logé à la même enseigne
que tout le monde. Allez-vous-en ! Laissez-moi finir mes vieux jours en paix !
DIAZ LE PIRATE
Comment oses-tu parler ainsi à Diaz le pirate ? Sais-tu que je suis en terre française pour instaurer un régime au pain sec et une discipline de fer à tous ses habitants. La fête est terminée ! Le peuple s’amuse beaucoup trop en démocratie, il se laisse aller à la dérive. Qu’il soit du nord ou du sud, de l’est ou de l’ouest, tout homme devra bientôt se soumettre à mon régime.
DOYENNE MARIANNE, toute tremblante
Qu’attendez-vous de moi au juste, pirate ?
DIAZ LE PIRATE
Le moment n’est pas encore venu pour toi d’aller à trépas. Tu peux faire encore beaucoup de chose pour moi, à commencer par devenir ma gouvernante. Je compte m’installer chez toi pour… disons… pour toujours. « Terre de France » me semble le hameau idéal pour préparer mes plans. Je vais tester les premiers effets de ma nouvelle politique sur les personnes qui viendront séjourner ici. De grandes manoeuvres de transformation s’opéreront afin que je puisse contrôler le pays tout entier et agir à ma guise. Tu vas reprendre ton métier d’épicière et obtempérer vite fait, Doyenne Marianne ! Je vais reprendre le pays avec mes pirates et y instaurer un nouveau régime qui s’étendra dans le monde. Je compte sur ta discrétion. Ma présence dans le hameau ne doit éveiller aucun soupçon chez les touristes venus des quatre vents qui feront halte dans quelques heures à « Terre de France » comme chaque année, fidèles à la tradition du 14 juillet. Je vais les utiliser comme cobayes. (Il la prend par le bras) A propos, Doyenne, est-il exact que tu t’apprêtais à faire une omelette pour ce midi ? Dans ce cas, passons à table ! (Il l’entraîne dans la maison)
FIN DU PROLOGUE
ACTE 1 / SCENE 1
ROBERTO / MISS MARYL / DOYENNE MARIANNE /
LE PIRATE DIAZ LE PIRATE / MONSIEUR ELUARD
Quelques temps plus tard, apparaît dans le ciel « La Renaissance 2 », magnifique Zeppelin en forme de château qui survole le hameau
Miss Maryl et Roberto sont suspendus à une échelle d’amarrage qui traverse le hameau de « Terre de France ». Soudain, arrivés au dessus de la maison de Doyenne Marianne, la échelle se décroche. Leur chute est amortie par le toit de la maison de Doyenne Marianne qu’ils traversent. Le zeppelin disparaît dans un nuage…
ROBERTO, sort de la maison avec Miss Maryl
Je regrette infiniment, ma petite dame… Notre échelle d’amarrage s’est décrochée de la nacelle du zeppelin en plein vol. Mais, comptez sur nous
pour réparer les dégâts !
DOYENNE MARIANNE, menace Roberto et Miss Maryl avec une poule
De mémoire de française, jamais personne ne s’était infiltré chez moi par les airs ! A l’aide ! Des bandits ont pénétré dans ma maison pour me voler ma poule !
MISS MARYL
Silence ! Vous allez réveiller les morts !
ROBERTO
Et donc, comme je le disais, nous survolions votre petit hameau en
zeppelin quand soudain l’échelle d’amarrage s’est détachée de la nacelle…
DOYENNE MARIANNE
Tu commences à me fatiguer, petit ! Comment t’appelles-tu ?
ROBERTO, s’agenouille et lui fait le baisemain
Roberto ! Pour vous servir, ma petite dame ! Je vous prie de m’excuser pour les dégâts occasionnés. Voyez-vous, ce n’est pas dans mes habitudes de déranger une vieille dame pendant qu’elle prépare le dîner. Je commence d’ailleurs à avoir une petite faim. (Il secoue la patte de la poule) Elle a l’air très douce, cette poule.
MISS MARYL, le bouscule
Ce n’est pas un peu fini le numéro de charme, mon cher !
ROBERTO
Je suis un galant homme en vers et contre tout !
MISS MARYL, sert la main à Doyenne Marianne
Excusez-le, il n’est pas vraiment dans son assiette, ces jours-ci. L’altitude le rend euphorique. Je me présente, Miss Maryl, citoyenne de la terre. Eh bien, comme le disait l’instant plus tôt, mon compagnon, nous étions gentiment accrochés à l’échelle d’amarrage du zeppelin quand soudain ce fut le crash…
ROBERTO, lève l’index pour intervenir
Vous permettez, Miss Maryl… j’ai déjà apporté toutes ces précisions.
MISS MARYL
Peut-être, mais vous n’êtes pas rentré dans les détails.
ROBERTO
Justement, je m’apprêtais à le faire.
MISS MARYL
Je m’en charge, si vous le voulez bien. Ainsi Madame connaîtra la raison exacte de notre arrivée en ce hameau, suspendus à une échelle.
DOYENNE MARIANNE, tape du pied, les mains sur les hanches
Vous avez une minute pour quitter le hameau.
ROBERTO, s’adressant à Miss Maryl
Ne vous fatiguez pas, ma chère, je vais m’en charger. Si, si, j’insiste.
MISS MARYL
Je saurai me débrouiller sans vous.
ROBERTO
J’en doute.
MISS MARYL
Je vous rappelle que je suis majeure et vaccinée. Je peux me défendre seule.
DOYENNE MARIANNE, tape du pied, les mains sur les hanches
Il vous reste quarante seconde pour quitter « Terre de France ».
ROBERTO, s’adressant toujours à Miss Maryl
Et moi je vous rappelle qu’il s’agit des Aventures de Roberto et que vous êtes censée m’accompagner dans toutes mes péripéties au Gré du vent « par delà et là pour »
MISS MARYL
Autrement dit, je dois me taire.
ROBERTO
Ce n’est pas ce que j’ai laissé entendre.
MISS MARYL
Non, mais vous le pensiez.
ROBERTO
Absolument pas.
ROBERTO
Je vous rappelle que nous devons retrouver la trace de Monsieur Sylvestre.
MISS MARYL
Vous faites bien de me le rappeler. Merci.
DOYENNE MARIANNE, tape du pied, les mains sur les hanches
Il vous reste 20 secondes.
ROBERTO
Vous voyez bien que vous importunez, Madame.
MISS MARYL
Vous n’êtes qu’un égoïste et prétentieux par-dessus le marché !
ROBERTO
Vous exagérez ?
MISS MARYL
Je commence à en avoir plus qu’assez de vos aventures sans fin.
ROBERTO
Cela suffit ! Je veux et j’exige des excuses.
MISS MARYL
Ces temps-ci, vous fréquentez un peu trop Monsieur le Comte à mon goût. Son attitude exécrable finit par déteindre sur votre personne. Ou bien s’agit-il de mimétisme ? Dans ce cas, je renonce à cette nouvelle aventure, du moins, si c’en est une.
ROBERTO
Je vous l’accorde, ma chère, ce voyage en Zeppelin n’est pas de tout repos ? Je fréquenterai un peu moins Monsieur le Comte. Pour l’heure, nous n’avons pas trop le choix, ce dernier est sensé nous aider à retrouver Monsieur Sylvestre.
MISS MARYL
Voilà plusieurs heures que je ne sais plus ce que c’est qu’un bon lit douillet.
DOYENNE MARIANNE, tape du pied, les mains sur les hanches.
Il ne vous reste plus que 5 secondes pour vous en aller.
DIAZ LE PIRATE, arrive en tirant un coup de feu en l’air
Que se passe-t-il, Doyenne Marianne ? Tu as un problème avec ces 2 tourtereaux ? Ravi de te retrouver, Roberto !
Diaz transporte le corps de Monsieur Eluard sur son épaule
DOYENNE MARIANNE
Ces deux personnes ont traversé le toit de ma maison tout à l’heure pour me voler ma poule.
ROBERTO
Dieu du ciel, je te croyais chez ta mère, Yann Hesse.
DIAZ LE PIRATE
Qui est Yann Hesse ?
MISS MARYL, à l’oreille de Roberto
Diaz le pirate récidive, dirait-on ? Restons prudent !
DIAZ LE PIRATE
Vous avez tout intérêt « à vous tenir à carreau » si vous tenez à revoir votre ami Sylvestre.
ROBERTO
C’est donc toi qui l’a enlevé.
DIAZ LE PIRATE
L’ex facteur est entre de bonnes mains, ne t’en fais pas.
ROBERTO
Où est-il ?
DIAZ LE PIRATE
Dans « Le Royaume des Châtaigniers » situé « au bout du bout du bout tout au bout du monde, dans un refuge situé là-haut tout là-haut dans une vallée perdue que tes amis et toi devrez trouver par vous-même ! » Pour le moment, je vais retarder ta course.
MISS MARYL, à l’oreille de Roberto
Je suggère que nous coopérions. Il en va de la vie de Monsieur Sylvestre.
ROBERTO, s’agenouille devant Diaz et lui fait le baisemain
Mes hommages, Grand Chef ! Comme je le disais à la doyenne, tout à l’heure, nous traversions le hameau, suspendus à une échelle, Miss Maryl et moi, quand soudain l’échelle s’est détachée. Bien entendu, nous comptons réparer les dégâts.
DIAZ LE PIRATE
Voilà qui est plus sage de votre part.
MISS MARYL
Nous allons jouer à votre jeu jusqu’au bout si vous nous promettez de ne faire aucun mal à Sylvestre.
DIAZ LE PIRATE
Si vous réussissez l’épreuve qui vous attend, vous pourrez poursuivre votre aventure et je pourrai récupérer le micro téléportateur en échange de votre ami.
ROBERTO
C’est donc cela qui t’amène, pirate !
DIAZ LE PIRATE
Pour le moment, je ne suis pas pressé d’obtenir la pyramide magique. Toutefois, je te laisse réfléchir avec tes amis : une fois dans la montagne, soit vous me rendez la pyramide précieuse, soit Monsieur Sylvestre disparaîtra de la surface de la terre. C’est comme vous voulez ? Encore vous faut-il franchir cette étape avec succès ? (Puis il claque du doigt) Et maintenant, place à mon règne !
ROBERTO, remarque le corps sans vie de Monsieur Eluard
S’agit-il de votre frère ? Mais, il est mort, le pauvre !
DIAZ LE PIRATE
Il s’agit de Monsieur Eluard. Il arrivait au hameau pour prêcher « Liberté » lorsque je l’ai croisé. Je lui ai demandé de faire 10 tours du hameau à cloche-pied, il a refusé. Alors je l’ai tué.
ROBERTO, lui prend le bras et le secoue
Monsieur Eluard n’a pas été sage ! Ce n’est pas bien de refuser la loi du Grand Chef, lui qui veut notre bien à tous.
DIAZ LE PIRATE
Il aurait mieux fait de rester gentiment chez lui.
MONSIEUR ELUARD, sur les épaules de Diaz le pirate
Je ne voulais en aucun cas manquer la fête.
ROBERTO
De quelle fête s’agit-il ?
MONSIEUR ELUARD
Chaque année le peuple français vient à Terre de France pour y célébrer la Démocratie.
DIAZ LE PIRATE, le laisse tomber
Tu prononces encore une fois Démocratie et je t’abats, Monsieur Eluard. Tu m’entends ?
ROBERTO
Je crois bien que c’est déjà fait.
DIAZ LE PIRATE
Qu’est-ce qui est déjà fait ?
MONSIEUR ELUARD
Il a raison, Pirate, puisque je suis mort.
DIAZ LE PIRATE
Si tu étais mort, tu ne parlerais pas.
MONSIEUR ELUARD
Oui, mais maintenant que je suis mort, je peux renaître.
DIAZ LE PIRATE
Comment ça ?
MONSIEUR ELUARD, se relève
Apollinaire a souhaité que je revienne sur terre pour assister à tout prix à la fête…
DIAZ LE PIRATE
Qui est Apollinaire ?
MONSIEUR ELUARD
C’est un génie ! Que dis-je ?... C’est le maître du surréalisme pour qui chaque individu possède une puissance surnaturelle et un esprit dynamique qui lui survivent après sa mort.
DIAZ LE PIRATE
Ah oui, vraiment ? (Il l’entraîne par le bras vers la maison) Tu vas me raconter tout ça à la maison. Prépare 3 couverts, Doyenne Marianne, aujourd’hui je reçois des hôtes de marque : Monsieur Eluard le génie accompagné de ses deux apôtres tombés du ciel.
DOYENNE MARIANNE
Pas question que Monsieur Eluard mette les pieds dans ma maison. Depuis que tu es là, piarte, la liberté, je n’y crois plus.
MONSIEUR ELUARD, déclame le poème « Liberté » à haute voix
« Sur mes cahier d'écolier, sur mon pupitre et les arbres,
Sur le sable, sur la neige, j'écris ton nom...
Sur toutes les pages lues, sur toutes les pages blanches,
Pierre sang papier ou cendre, j'écris ton nom...
Sur les images dorées, sur les armes des guerriers,
Sur la couronne des rois, j'écris ton nom...
MISS MARYL et ROBERTO
Liberté !!!
DIAZ LE PIRATE
Oh, oui ! Que c’est bon ! Ah ! Ce que je l’aime ce génie !
MONSIEUR ELUARD, poursuit
Sur la jungle et le désert, sur les nids, sur les genêts,
Sur l'écho de mon enfance, j'écris ton nom...
Sur les merveilles des nuits, sur le pain blanc des journées,
Sur les saisons fiancées, j'écris ton nom...
Sur tous mes chiffons d'azur, sur l'étang soleil moisi,
Sur le lac lune vivante, j'écris ton nom...
MISS MARYL et ROBERTO
Liberté !!!
MONSIEUR ELUARD, poursuit
Sur les champs, sur l'horizon, sur les ailes des oiseaux,
Et sur le moulin des ombres, j'écris ton nom...
Sur chaque bouffée d'aurore, sur la mer, sur les bateaux,
Sur la montagne démente, j'écris ton nom...
Sur la mousse des nuages, sur les sueurs de l'orage,
Sur la pluie épaisse et fade, j'écris ton nom...
MISS MARYL et ROBERTO
Liberté !!!
DIAZ LE PIRATE
Oh, oui ! Que c’est bon !
MISS MARYL
Sur les formes scintillantes, sur les cloches des couleurs,
Sur la vérité physique, j'écris ton nom...
ROBERTO
Sur les sentiers éveillés, sur les routes déployées,
Sur les places qui débordent, j'écris ton nom...
DIAZ LE PIRATE
Liberté !!!
MONSIEUR ELUARD
Sur la lampe qui s'allume, sur la lampe qui s'éteint,
Sur mes maisons réunies, j'écris ton nom... »
MISS MARYL et ROBERTO
Liberté !!!
DIAZ LE PIRATE, leur botte les fesses
Bon, ça commence à bien faire vous trois ! (Puis il tape dans ses mains) Eh bien, Doyenne, elle vient cette omelette ? Je suis essoufflé, je viens de faire du bruit avec mes bottes sur toutes les routes de campagne, j’ai faim ! Et puis, ne faisons pas attendre nos invités. Après vous, Messieurs Dames !
ROBERTO, qui caresse la poule
Qui est la plus belle, ce soir ? Hein, ma poule ? Qui est la plus belle pour aller danser au bal ?
MISS MARYL, lui donne un coup de coude
Cela suffit votre numéro de charme avec la poule !
ROBERTO
Elle, au moins, ne parle pas pour rien dire.
Roberto rentre dans la maison, avec Miss Maryl et Monsieur Eluard.
DIAZ LE PIRATE
Après vous ma mère…
DOYENNE MARIANNE
Tu es encore rentré bredouille, Grand Chef ?
DIAZ LE PIRATE, parle à voix basse à l’oreille de Doyenne Marianne
Comment cela, bredouille ? Aujourd’hui, je t’ai rapporté un génie et ses deux associés. Ils seront nos premiers prisonniers de guerre.
FIN DE LA SCENE 1
ACTE 1 / SCENE 2
JEAN LE TROUBADOUR / LA FEE MORGANE / DOYENNE MARIANNE / MAM’SELLE CORSICA / HUGO LE DAMOISEAU.
JEAN LE TROUBADOUR, fait son retour, se dirige vers la harpe pour en jouer
« Et c’est ainsi que tour à tour, fidèle à la tradition du 14 juillet, les touristes des quatre vents firent haltes à Terre de France, lieu où débuta jadis la résistance contre les bruits de Bottes, afin d’y célébrer la démocratie. Le sourire sur le visage des femmes renaquit de plus belle. Et c’est avec allégresse que la fée Morgane, qui ne se sépare jamais de sa petite fille Jeanne où qu’elle aille, que ce soit au champ ou bien au marché, se manifesta en premier… »
Il continue de jouer de la harpe
LA FEE MORGANE, arrive en chantant, transportant un bébé dans ses bras
« Quand je remets les pieds ici, il revient en ma mémoire la lutte qui opposa jadis les envahisseurs au peuple français. Il y a très longtemps, nous accédions à la Liberté. Terre de France, Terre de France, prépare-toi à fêter comme il se doit la liberté ! »
Elle s’arrête de chanter
Jean le troubadour joue de la Harpe et la fée Morgane danse; au bout de 3 minutes, la fée Morgane s’immobilise
JEAN LE TROUBADOUR, poursuit avec la harpe
« Bien sûr, les années de Liberté ne furent pas aussi simples qu’on pourrait le prétendre, mes amis. Notre Liberté ne fut pas tout à fait acquise. C’est qu’il en a fallu de l’eau sous les ponts pour que la démocratie s’installe définitivement… »
Il joue ensuite sur un mode Reggae
LA FEE MORGANE, chante à nouveau
« Notre pays doit continuer de faire figure d’exemple dans l’émergence de la démocratie dans le monde qui respire à présent un air peace and love. Sentez, sentez, respirez et écoutez son cœur qui bat ! (Elle poursuit en mode Ragga-Rap)
« Je tendrai ma main à mes frères et mes sœurs.
Je continuerai de voler au secours de mon voisin
Envers lequel je ne serai jamais indifférente.
Je ne le laisserai jamais souffrir et mourir de faim. Je lui apporterai hospitalité, confort et amitié. Terre de France, Terre de France, prépare les canons ! Mes frères et mes sœurs, fêtons comme il se doit la liberté ! »
Elle s’arrête de chanter
Jean le troubadour joue à nouveau de la harpe et la fée Morgane reprend la danse; au bout de 2 minutes la fée Morgane est interrompu par l’arrivée de Doyenne Marianne
DOYENNE MARIANNE, sort de la maison
Tu ne me laisseras donc jamais me reposer en paix, vilain coquin !
JEAN LE TROUBADOUR
Devine un peu qui vient d’arriver au hameau, Mam’selle Marianne ?
DOYENNE MARIANNE, lui assène un coup de canne sur la tête
Tais-toi donc, idiot ! Mam’selle Marianne, c’est du passé. Mais dis-moi, Jean le troubadour, comment se fait-il que tu sois encore là ? Ne te souviens-tu pas de ce que t’a dit Diaz le pirate ?
JEAN LE TROUBADOUR, s’enfuit à toute vitesse
Sauve qui peut ! L’ennemi prépare une invasion brutale !
LA FEE MORGANE
Qu’est-ce qui te prend de chasser le vieux troubadour, Doyenne
Marianne ?
DOYENNE MARIANNE
Si tu tiens à la vie, tu ferais bien de t’en aller toi aussi.
LA FEE MORGANE
Le vent du Nord nous a transporté jusqu’ici, ma petite fille et moi, et nous participerons à la fête quoiqu’il arrive.
DOYENNE MARIANNE, s’approche de l’enfant et le prend dans ses bras
C’est ta dernière née ?
LA FEE MORGANE
Il s’agit de Jeanne, ma petite fille.
DOYENNE MARIANNE, dépose l’enfant dans ses bras
Allez-vous-en d’ici, toutes les deux !
LA FEE MORGANE
Et pour quelles raisons doit-on partir ?
DOYENNE MARIANNE
Je ne peux rien te dire, si ce n’est que ce n’est pas prudent de séjourner à Terre de France par les temps qui courent. Partez !
LA FEE MORGANE
Mais, c’est impossible ! Cette année, Jeanne doit assister impérativement à la fête. C’est elle qui a été choisie par le conseil du village afin d’enseigner la tradition démocratique pour la
transmettre plus tard aux générations futures.
DOYENNE MARIANNE
Hélas, la démocratie est en danger.
LA FEE MORGANE
Que dis-tu ?
MADEMOISELLE CORSICA, surgit avec une ombrelle, suivi de Hugo le Damoiseau
Qui est la plus belle fille de tout le Sud de la France ?
HUGO LE DAMOISEAU, lui fait du charme
C’est toi Corsica, ma belle colombe !
Il tourne autour de Corsica
MADEMOISELLE CORSICA
Et qui épousera Corsica, s’il reste sage et gentil ?
HUGO LE DAMOISEAU, continue de lui tourner autour
Ce sera moi, Hugo le Damoiseau, ton Gavroche !
MADEMOISELLE CORSICA
Eh bien, non ! Ce sera le beau Serge !
HUGO LE DAMOISEAU, continue de lui tourner autour
Le beau serge, dis-tu ? Mais il est déjà marié à la douce Mélodie !
MADEMOISELLE CORSICA
Je te signale que Mélodie est marié à Nelson !
HUGO LE DAMOISEAU
La beauté cachée des laids se voit sans délais.
MADEMOISELLE CORSICA, lui tourne autour
Allons z’enfants de la patrie ! Le jour de gloire est arrivé !
HUGO LE DAMOISEAU
Sous le soleil exactement !
MADEMOISELLE CORSICA, lui tourne toujours autour
Je suis venue te dire que je m’en vais ! Je retourne à l’exile !
HUGO LE DAMOISEAU
Je t’aime… moi non plus.
MADEMOISELLE CORSICA
Tiens ! Et si j’épousais Bonny ou Clyde ?
HUGO LE DAMOISEAU
Je t’aime et je crains de m’égarer ! Et je sème des grains de pavots sur le pavé de l’An amour !
MADEMOISELLE CORSICA
Mais dis-moi beau gosse, il me semble que tu es déjà marié à Cosette ?
HUGO LE DAMOISEAU
Elle, c’est de l’histoire ancienne.
MADEMOISELLE CORSICA
Petit coquin !
HUGO LE DAMOISEAU, la sert dans ses bras
Tu me rends follement amoureux d’heure en heure, Corsica !
DOYENNE MARIANNE, leur assène à tous les deux un coup de canne sur la tête
Vous commencez à me fatiguer tous les deux de secondes en secondes !
FIN DE LA SCENE 2
ACTE 1 / SCENE 3
LA FEE MORGANE / DOYENNE MARIANNE / HUGO LE DAMOISEAU / MAM’SELLE CORSICA / DIAZ LE PIRATE / MONSIEUR ELUARD / ROBERTO / MISS MARYL /
HUGO LE DAMOISEAU
Tu as le cerveau dérangé, Doyenne Marianne ! Qu’est-ce qui te prend de nous battre ?
DOYENNE MARIANNE, parle à voix basse
Je te donne un bref aperçu de ce que notre peuple subira dans quelques temps si on ne neutralise pas le fou à temps.
HUGO LE DAMOISEAU
Que racontes-tu là ? Mais d’abord, pourquoi baisses-tu la voix ?
DOYENNE MARIANNE
Méfions-nous, les murs ont des oreilles !
CORSICA
Toujours autant d’humour, Doyenne !
DOYENNE MARIANNE
Vous feriez mieux de fuir tant qu’il est encore temps.
LA FEE MORGANE, avec l’enfant dans ses bras
Ne l’écoutez pas, les enfants ! Avec l’âge, elle ne s’arrange pas.
CORSICA, lui saute au cou
Fée Morgane ! Comme je suis heureuse de te revoir !
LA FEE MORGANE
Mon dieu ! Ce que tu as grandi, ma fille ? (Elle s’adresse à Hugo le Damoiseau en lui tendant les bras) Eh bien, mon fils, qu’attends-tu pour venir m’embrasser ?... qu’il tombe une pluie torrentielle ?
HUGO LE DAMOISEAU
Dis donc, c’est bien Damoiselle d’Orléans que tu tiens dans tes bras ?
LA FEE MORGANE
Comment la trouves-tu ?
HUGO LE DAMOISEAU
Une digne pucelle !
Corsica caresse la tête de l’enfant
LA FEE MORGANE
A propos, Hugo le Damoiseau, tu es bien marié à Cosette ?
HUGO LE DAMOISEAU
Ma plume a les moyens d’entretenir plusieurs femmes.
LA FEE MORGANE
Mais Corsica est déjà promise à Bonaparte.
HUGO LE DAMOISEAU
L’Empire, c’est de l’histoire ancienne ! Aujourd’hui, nous sommes
Dans une république, là où les hommes vivent libres et égaux en droit !
DOYENNE MARIANNE, sort de sa maison
Fous le camp d’ici, Damoiseau ! Retourne sur ton île de Guernesey !
HUGO LE DAMOISEAU
Hum ! D’où vient cette odeur ? De la cuisine sans doute ? (Il rentre dans la maison)
DOYENNE MARIANNE, le suit
Il n’est pas question que tu fourres ton nez dans mes casseroles, m’entends-tu ?
CORSICA, qui porte l’enfant dans ses bras
Il est mignon comme tout ce petit !
LA FEE MORGANE
Il s’agit de ma petite fille Jeanne.
CORSICA
Désolée. J’ai cru que c’était un petit garçon.
LA FEE MORGANE
Tu as perdu le sens de l’observation ma fille. Si ça continue, tu finiras bientôt comme la fée Viviane qui ne distingue plus un menhir d’un dolmen depuis qu’elle a quitté la forêt de Brocéliande pour aller habiter dans l’île de beauté.
CORSICA
Elle, au moins, respecte mes choix sans me juger.
LA FEE MORGANE
Ma soeur continue toujours à se prélasser toute la journée au soleil ?
CORSICA
Tu veux insinuer que nous, dans le sud, passons notre temps à se la couler douce, pendant que dans le Nord vous travaillez ?
LA FEE MORGANE, lui reprend l’enfant des bras
Petite effrontée ! Je t’interdis de toucher à ma petite fille.
CORSICA, sort sa boite de maquillage
Comme je regrette qu’Arthur ne soit pas venu à ta place. On se serait bien amusé tous les deux. Elle se remet du rouge à lèvres
DIAZ LE PIRATE, arrive, le fusil sur l’épaule
Allez, remuez-vous les enfants ! Ce n’est pas le moment de ralentir votre course ! Dites-vous bien que je ne compte pas reprendre le pays avec une armée de chèvres. (Il se décoiffe et salue la fée Morgane et Corsica) Bonjour, Mesdames ! Soyez les bienvenue !
Il est suivi de Monsieur Eluard
MONSIEUR ELUARD, marche à cloche-pied (sur un seul pied)
On en a encore pour longtemps, mon Pirate ?
DIAZ LE PIRATE
Pour aujourd’hui, vous ferez huit fois le tour du hameau.
MISS MARYL, surgit avec Roberto en marchant à cloche-pied
Vous m’avez encore fourré dans un drôle de pétrin, Roberto.
ROBERTO, tient la poule dans ses bras
C’est toi la plus belle, ma poule ! C’est toi la plus belle !
MISS MARYL, lui donne un coup de coude
Cela suffit votre numéro de charme avec ce volatile stupide !
DIAZ LE PIRATE, tire un coup de feu en l’air
On se dépêche, les retardataires ! Et une, deux, une, deux… (Il ferme la marche derrière Miss Maryl, Roberto et Monsieur Eluard avec lesquels il quitte les lieux) Une deux, une deux, une, deux…
DOYENNE MARIANNE, sort de la maison en entraînant Hugo le damoiseau
Tu n’es pas venu ici pour me manger mes provisions, quand même. (Elle lui tire l’oreille)
HUGO LE DAMOISEAU
Rends-moi mon oreille !
DOYENNE MARIANNE
Tu vas t’asseoir sur ce banc et rester sage, compris ?
HUGO LE DAMOISEAU
Oui, Maîtresse ! (Il aperçoit les instruments de musique) Dites donc, cette année, pour la fête, vous avez fait fort ! Vous avez même
prévu la Harpe ! Bravo ! Il ne manque plus que la fanfare !
DOYENNE MARIANNE
Silence !
CORSICA, qui se retouche les cils
D’ailleurs, j’ai hâte que ça commence !
DOYENNE MARIANNE, la tire par le bras et l’entraîne vers le banc
Tu veux bien te taire, toi aussi ! Allez, couchée !
LA FEE MORGANE, qui donne le biberon à sa petite fille
On raconte dans le pays que tu as décidé de finir tes vieux jours en solitaire dans le hameau. Ce doit être pénible la solitude ?
DOYENNE MARIANNE
Cela ne te regarde pas.
LA FEE MORGANE
Tu sais… il te faudrait un compagnon pour finir tes vieux jours.
DOYENNE MARIANNE
Ne te mêle pas de cela. A présent, va-t-en avec ta petite fille !
LA FEE MORGANE
Alors, comme ça, tu n’as pas eu d’autres fiancés après Le Chevalier de Ferrat. Tu as gâché ta vie, ma vieille. C’est dommage ! Tu n’auras pas la chance d’être grand-mère.
DOYENNE MARIANNE, lève son bâton et la menace
Fiche-moi la paix ! (Soudain tout le monde s’immobilise)
La nuit tombe lentement. Un feu de camp s’allume.
FIN DE LA SCENE 3
ACTE 1 / SCENE 4
LA FEE MORGANE (berçant le bébé) / DOYENNE MARIANNE (prenant l’apparence de Mam’selle Marianne), LE CHEVALIER DE FERRAT (masqué et tenant une épée à la main) / HUGO LE DAMOISEAU (jouant de la harpe) / MAM’SELLE CORSICA (jouant de la Flûte)
LA FEE MORGANE, berce l’enfant
Ah ! Vous faisiez un joli couple, tous les deux, en ce temps-là !
DOYENNE MARIANNE, jette sa canne
Je t’en prie, va-t-en !
LA FEE MORGANE
Petite Jeanne ! Petite Jeanne ! Ouvre grand tes oreilles, mon enfant ! Le moment est venu pour nous de te conter l’histoire de Mam’selle Marianne la princesse aux cheveux d’Or…
Hugo le Damoiseau joue de la harpe et Corsica de la flûte
DOYENNE MARIANNE, retire son bonnet phrygien laissant apparaître de longs cheveux d’Or
J’étais très jeune en ce temps-là, et fraîche comme la rosée.
Son visage rajeunit à ce moment-là et prend l’apparence de Mam’selle Marianne
LA FEE MORGANE, danse lentement tout en berçant l’enfant
Ce soir-là, Mam’selle Marianne l’épicière attendait au coin du feu son futur fiancé, Le Chevalier de Ferrat. Mais, il appartenait à une autre caste…
MAM’SELLE MARIANNE, sort une brosse de la poche de son tablier et se brosse les cheveux tout en chantant
Bien que mon père ne soit pas d’accord, et mes sœurs jalouses,
Le jour viendra où je t’épouserai mon bel amant.
A toi seul je donnerai mon âme, Chevalier de Ferrat.
LE CHEVALIER DE FERRAT, apparaît en chantant, un fusil baïonnette en bandoulière
Bien que mon père ne soit pas d’accord, et mes frères jaloux,
Le jour viendra où je t’épouserai ma belle princesse.
Ce soir je t’en fais le serment, Mam’selle Marianne.
Le Chevailer de Ferrat tient un fusil baillonnette en bandouillère et porte un masque en forme de papillon arc-en-ciel. Le Chevalier et Mam’selle Marianne s’arrêtent de chanter. Seule la harpe raisonne en fond sonore. Mam’selle Marianne se lève. Le chevalier se dirige vers elle, s’agenouille, sort un écrin, en retire une bague qu’il place au doigt de Mam’selle Marianne.
LE CHEVALIER DE FERRAT, lui place la bague au doigt
Bien qu’on nous l’interdise, scellons pour toujours notre union,
Afin que personne ne puisse jamais plus s’opposer à notre amour.
En ces temps nouveaux ou Démocratie rime avec Liberté,
Je fais de toi, ma belle colombe, ma fiancée.
Puis il l’enlace et l’embrasse
MAM’SELLE MARIANNE
Cependant, je crains que ce ne soit suffisant. Car selon la coutume, notre union doit être scellée en présence du Maire, du conseil du village et de toute la famille.
LE CHEVALIER DE FERRAT
Tout à l’heure, je me rendrai à la Bastille pour combattre l’ennemi de la république auprès de mes camarades citoyens. Par ce geste, j’entends bien prouver à ton père que je suis digne d’être ton époux.
MAM’SELLE MARIANNE
Sois sur tes gardes, mon beau Chevalier, le Pirate et sa clique de flibustiers sont des hommes sans foi ni loi.
LE CHEVALIER DE FERRAT
Je transpercerai le cœur du Pirate avec ma baillonnette, puis je lui arracherai le cœur et le rapporterai à ton père.
MAM’SELLE MARIANNE
Et si jamais ton plan venait à échouer ?
LE CHEVALIER DE FERRAT
En ce cas, un régime totalitaire renverserait notre belle république indépendante. La liberté, l’égalité et la fraternité voleraient aussitôt en éclat. Le peuple connaîtrait la famine et une guerre civile. Quant à moi, je ne pourrais plus remettre les pieds à Terre de France pour demander ta main. Je serais mis en prison ou alors chassé du pays et vivrais le restant de mes jours dans l’errance et la mendicité.
MAM’SELLE MARIANNE
Es-tu bien sûr de vouloir te rendre dans la capitale ?
LE CHEVALIER DE FERRAT
Je ne laisserai jamais le Pirate borgne prendre le pouvoir. Plutôt mourir ! (Il s’écarte d’elle) Une dernière chose avant de partir, prends bien soin de la bague que je t’ai offert, celle-ci possède un pouvoir magique. Si jamais le hameau de Terre de France, bastion de l’ancienne résistance, venait à être attaqué par des pirates, dans ce cas, prie Apollinaire pour que le « Lion Indomptable » vous vienne en aide. (Il entend du bruit) J’entends venir quelqu’un ! (Il prend sa fiancée dans les bras et l’embrasse) Je reviendrais avec le cœur du Pirate ! (Il s’enfuit)
Hugo le damoiseau continue de jouer de la harpe ;
MADEMOISELLE CORSICA l’accompagne à la flûte ;
Mam’selle Mariana reprend peu à peu l’apparence de Doyenne Marianne. Elle replace ses longs cheveux d’Or sous le bonnet phrygien,
puis regarde attentivement sa bague.
Le jour réapparaît lentement. Le feu de camp disparaît.
La musique s’arrête.
FIN DE LA SCENE 4